J’arrive en retard – comme souvent le matin, parce que les nuits sont trop courtes, parce que je peine à démarrer la machine. Je bafouille des excuses, et je m’assois dans un coin du studio. J’observe la formatrice, les participants, l’écran. Très vite, je comprends que le groupe maitrise déjà le sujet – pour la plupart des comédiens qui ajoutent une corde à leur arc en apprenant les ficelles du doublage et de la voix-off.

La formatrice multiplie les traits d’humour, tout en commentant le morceau de film projeté. Je prends des notes frénétiquement alors qu’elle dispense des conseils pour mieux placer sa voix, pour choisir une intention de lecture, pour tenir un rythme et un souffle. Malgré l’atmosphère détendue, je sens la panique qui monte en moi. Le vocabulaire qu’elle utilise me rend perplexe, je voudrais l’interrompre pour poser des questions – mais je sens que les autres suivent sans problème, et je n’ai pas envie de ralentir la cadence avec mes questions de néophyte. Au secours, qu’est-ce que je fais là ?

Bon, ok, je la joue un peu dramatique… En réalité, le pourquoi je suis là est très clair : j’ai bénéficié d’un financement de formation pour venir travailler ma voix et préparer la saison 2 de mon podcast. Il était prévu que j’assiste à un cours en collectif – histoire de tester l’eau du bain, avant trois sessions en individuel pour aborder en profondeur mes questions. Je n’avais pas anticipé, en revanche, de me retrouver dans un champ avec ce niveau de complexité.

Remonte un souvenir, en écho. J’étais de passage en Bourgogne, avec mon amie Pauline. Sur un coup de tête, nous avions réservé une dégustation de vin, pensant que ça pimenterait notre diner entre copines. En fait, nous avions atterri dans un cours d’œnologie. Il ne s’agissait plus de boire pour le plaisir de boire – il était question d’affiner notre palais et d’acquérir tout le vocabulaire spécialisé pour poser des mots sur les saveurs des différents crus. Je me souviens d’avoir eu le sentiment d’être totalement déboussolée.

Dans ce studio, ce matin frisquet, j’ai la même impression : je mets le doigt sur mon ignorance et je me rends compte de tout ce que je vais devoir acquérir comme compétences techniques et comme langage pour devenir une vraie pro du micro. Leçon d’humilité – pas complètement confortable. Et en même temps, jubilation d’avoir tant à découvrir.

Au cours des sessions qui suivent, alors que je reviens au cœur de ce qui m’intéresse, la poésie, le podcast, les enjeux de la voix enregistrée, je plonge dans un univers riche et enthousiasmant. Gérard, coach, et Vincent, ingénieur du son, me font des retours précis – qui demandent à mon cerveau des ajustements et de la souplesse… Je prends conscience de l’importance de mordre les mots, de garder l’intensité d’une émotion jusqu’au bout des phrases, d’annoter mes textes comme des partitions pour donner davantage de relief aux poèmes que je lis, pour faire entendre mes parti-pris. Quel boulot, quel métier !

Je sors de cette formation épuisée et heureuse. Plaisir de progresser, d’élargir le spectre de mes capacités, d’investir une plus grande part de ma personnalité dans ce podcast poétique qui m’est si précieux. Je suis sûre que vous entendrez la différence… Enfin, vous me direz !

La première session d’enregistrement des épisodes de la saison 2 est planifiée, j’ai hâte… Quant à la diffusion, ce sera tous les lundis à partir du 7 mars. Je me réjouis par avance de vous dévoiler son contenu, de vous faire rencontrer ainsi d’autres plumes poétiques.

En attendant, je vous invite à replonger dans les épisodes de la saison 1 : Andrée Chedid, Pablo Neruda, Cécile Coulon, Rupi Kaur, Philippe Jaccottet… Il y a forcément un univers qui saura vous toucher. Le podcast est disponible gratuitement sur toutes les plateformes (spotify, deezer, apple podcast, amazon, youtube, etc).

D’ailleurs, je suis curieuse, quel épisode avez-vous préféré ?

> Cette chronique fait partie de la série 2022 « de la confiance », parce que la confiance, en soi, en l’autre, en la vie, je suis convaincue que cela change une trajectoire humaine… Vous aimez ce que je publie ? Tant mieux ! RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, des idées lecture, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016. Et si vous croyez en la nécessité de faire sa part de colibri, partagez ce texte !

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