2022 / 7 : SOUS LE COSTUME, LE CŒUR QUI BAT
- février 17, 2022
- by
- Mathilde Vermer
A vivre sur des rails, on perd le plaisir de voyager. A accepter les contraintes sociales, les exigences de nos environnements professionnels, la performance dont il faut faire preuve dans nos différents rôles du quotidien – on s’assèche. Le costume de nos épopées ordinaires devient trop serré, trop étouffant. Pire, au milieu de nos soucis, de notre gestion chronométrée, on oublie que notre identité ne se résume pas à notre habit plus ou moins lustré.
Parfois, le processus de dessèchement est si avancé qu’on atteint le burn-out, et là, c’est une autre histoire pour remonter la pente… Alors, pour éviter le scénario catastrophe, je crois qu’il faut veiller à nourrir notre âme – revenir au sens profond de notre voyage. Abandonner de temps en temps le costume et les obligations routinières. Vivre comme un·e artiste poète.
C’est marrant : dans la vision commune, les poètes ont soit cette image de rêveurs, la tête dans les nuages, fantaisistes, anticonformistes, soit cette image d’individus torturés, prisonniers de leurs démons, rebelles, marginaux… J’ai l’impression que la vérité se situe au milieu. Les poètes sont fondamentalement des êtres sensibles, c’est-à-dire en contact avec leurs émotions, leur époque, le vivant. Ils écrivent par nécessité absolue, parfois pour célébrer leurs sentiments, leurs découvertes, ce qui fait palpiter leur cœur. Parfois, ils écrivent pour transcender ce qui est trop douloureux. Évacuer sur le papier ce qu’ils ressentent avec le plus d’honnêteté possible.
En écrivant, ils nous tendent un miroir où l’on peut projeter notre vécu personnel. Ils nous proposent de ressentir leur joie pour qu’on s’autorise à reconnaître la nôtre, ils nous proposent de pleurer avec eux pour qu’on puisse sécher nos propres larmes. Dans tous les cas, ils nous extraient de nos uniformes, de nos trajectoires en ligne droite, pour nous rappeler l’essentiel.
Et quel est l’essentiel ? Cette chose qu’on sait et qu’on a pourtant besoin de se rappeler : aimer. Aimer, encore, toujours, parce qu’au jour de notre mort, c’est la seule chose qui importera, combien on a aimé. Et cela ne se résume pas au couple, et cela ne signifie pas que l’amour est toujours soleil. L’amour est victime d’une météo capricieuse. L’amour nous bouscule, l’amour nous grandit, l’amour nous force à être authentique.
Bien sûr, l’essentiel, c’est aussi se souvenir qu’on est vivant. Au-delà de tout ce qu’on construit, de tous ces projets matériels et immatériels dans lesquels on s’investit, il y a cette réalité : je suis un être vivant sur une planète incroyable. La poésie, comme les sagesses pluriséculaires, nous encourage à nous brancher à nos cinq sens pour habiter le moment présent, pour redescendre de nos têtes vers nos corps et s’ouvrir à la saveur de l’instant. Tout passe tellement vite. Le seul moyen d’arrêter le temps et de prévenir les regrets, c’est de s’ancrer dans le présent. L’encre des poètes, justement, est précieuse pour percevoir qu’une émotion, un sentiment, une intensité sont des signaux envoyés par notre boussole intérieure, des signaux qui nous ramènent dans le présent, dans l’essentiel, dans le sens global de notre existence.
Question : vous, comment faites-vous la causette avec votre cœur poète ?
> Cette chronique fait partie de la série 2022 « de la confiance », parce que la confiance, en soi, en l’autre, en la vie, je suis convaincue que cela change une trajectoire humaine… Vous aimez ce que je publie ? Tant mieux ! RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, des idées lecture, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016. Et si vous croyez en la nécessité de faire sa part de colibri, partagez ce texte !
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