Tremper un bout de pain dans l’huile, puis savourer ce goût d’olive qui pétille dans ma bouche. Se régaler de la richesse des aliments simples.

Passer dans une allée, par surprise respirer des fleurs de jasmin. Entrer, avec le parfum ensorcelant, dans une volupté qui réveille des images de mille et une nuits câlines.

Un orteil dans l’eau fraîche, l’eau de la douche, l’eau de la mer, et le pied, et la jambe. Frémir du contact froid, rire de percevoir le corps soudain si alerte. Habiter chaque cellule de cet organisme si sophistiqué, prêt au mouvement, au jeu, à l’action.

Tomber sur des conférences autour de la botanique : ouvrir mon intelligence, recevoir des connaissances qui changent mon regard sur les plantes, prendre conscience de leur si chaleureuse noblesse. En sortir le cœur réchauffé.

En voyage, se lier d’amitié avec une nouvelle personne : se découvrir des intérêts partagés, des habitudes similaires, un humour qui rebondit sur des broutilles. Passer des heures à se raconter des souvenirs, se sentir proches par le vécu, capturer la complicité dans une photo et se quitter en se promettant de se revoir très vite.

Louer une voiture et se retrouver dans un parking étroit, incapable de la garer. Négocier avec un passant pour qu’il s’en charge, et rigoler toute seule de trouver des solutions spontanées à des problèmes absurdes et dérisoires.

Se lever avec une envie de danser : lancer ma Playlist préférée et bouger, et chanter, et transformer le salon si sage en espace de liberté, en territoire de fête. Suivre l’élan, me donner toutes les permissions, chasser les ombres de la nuit et m’amuser.

Allumer l’ordinateur, trouver un mail de la comptable, râler de la paperasse à remplir. M’en occuper avec flemme, et puis dans un second mouvement, y mettre davantage de bonne volonté, parce que la satisfaction parfois se loge dans une comptabilité impeccable.

Sur un bord de route, admirer des lauriers-roses : tant de fleurs, tant de couleur, tant de présence au soleil. Contempler l’abondance du règne végétal, qui s’épanouit partout où on lui concède quelques centimètres d’espace, qui embellit gaiement notre béton urbain.

Écrire. Un nouveau livre, une nouvelle aventure. Des histoires d’amour qui renaissent sur mon écran. Ciseler les moments de rencontre, quand tout est sur le fil, quand un regard, quand une parole, quand on connaît la scène, quand on veut la vivre encore, quand l’amour arrête le temps, quand l’existence s’enduit d’une matière immortelle.

C’est fou comme le plaisir peut se glisser dans tous les interstices du quotidien, si on s’accorde la possibilité d’y goûter. C’est fou comme l’invisible se donne du mal pour nous proposer des expériences sensorielles, nourrissantes et joyeuses… Les miennes, les vôtres, peu importe les circonstances, elles se démultiplient à l’infini quand on les apprécie, quand on les honore.

Alors, serions-nous fous au point de passer à côté ?

> Cette chronique fait partie de la série 2023 « de l’invisible ». L’invisible, c’est quoi ? Mystérieux et simple à la fois : je le définirai comme un hasard, un ressenti, un regard vers les étoiles. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016. Et si vous croyez en la nécessité de faire sa part de colibri, partagez ce texte.

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