2023 / 12 : TRANQUILLE COMME UN CHAT
- juin 29, 2023
- by
- Mathilde Vermer
La Grèce est le pays des mistigris. On les aperçoit partout dans les rues, sur les balcons, au cœur des monuments historiques – chez eux en tous lieux. Des noirs, des blancs, des gris, des rouquins taquins, des museaux tachetés. Maigrichons pour la plupart. Ils se baladent. Ils ronronnent. Ils prennent soin de leur pelage. Ils regardent distraitement les gens qui les photographient, qui s’extasient devant leur allure fière et nonchalante.
Avec l’arrivée des grosses chaleurs, les chats sont désormais planqués à l’ombre. Les seuils, les escaliers, les rebords de fenêtre sont squattés joyeusement. Les matous ont aussi changé d’activité. Plus un regard sur les passants. Ils dorment, royalement, profondément. Revenez plus tard, semblent dire leur souffle régulier.
Pas sûr que les touristes les entendent – pas sûr non plus que les voyageurs se rendent compte de la leçon philosophique qu’offrent les chats grecs. Car oui, les félins enseignent une forme de sagesse : celle d’un ralentissement complet, sans culpabilité, sans honte, sans angoisse sur l’avenir, sans tentative de justifier moralement leur comportement paresseux.
Pour nous, humains, prisonniers d’une agitation incessante, en recherche permanente d’efficacité et de performance, tous ces individus qui, même en vacances, continuent sur la lancée du rythme de boulot, qui ne peuvent s’empêcher de caler un programme, tenir des horaires, raconter les détails de leurs péripéties à leur entourage et à leurs réseaux sociaux… Les minets donnent une conférence appliquée sur la lenteur et ses bienfaits.
Les heures à roupiller deviennent une priorité, tant pis pour les souris à pourchasser… Pour qui prend le temps de les observer, le message est d’une incroyable clarté : sans coup de griffe, sans opération séduction, les boules de poils mettent en pratique le droit à la déconnexion, et nous initient au détachement serein. Très simple, facile à imiter.
Avec eux, grâce à eux, on désapprend la course à l’action, à la production, à la consommation, à la distraction. A la place, se permettre du rien. Juste être assis. Juste regarder. Juste respirer. Juste ronfler. Avoir confiance que cela suffit. Se détendre comme jamais. Laisser un vide fertile s’installer en soi. S’ouvrir à l’invisible. Épouser l’instant, paisible, généreux, chaleureux.
Alors, pour cet été, je vous souhaite de vous transformer en chat, vous livrer au Dieu des Petits Riens, suivre votre besoin de repos, votre soif d’émerveillement, votre aspiration à la douceur. De la tranquillité comme chemin ensoleillé.
> Cette chronique fait partie de la série 2023 « de l’invisible ». L’invisible, c’est quoi ? Mystérieux et simple à la fois : je le définirai comme un hasard, un ressenti, un regard vers les étoiles. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016. Et si vous croyez en la nécessité de faire sa part de colibri, partagez ce texte.
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