Ça devait être des vacances. Lire, marcher, regarder la mer. Se reposer après trop de bruit, trop de vitesse. Mettre tous les compteurs à zéro, veiller sur la graine nichée dans le cocon d’amour.

Ça devait être le retour du calme, reprendre des forces dans cette solitude qui jamais ne l’effraie, se mettre au diapason de la joie dans cette connexion au plus vaste qui toujours l’enchante.

Ça devait être tant de choses dans sa tête à elle.

Mais avait-elle vérifié que le plan, là-haut, dans l’invisible, avait été validé ? Au grand jeu de la vie, il faut s’attendre à des surprises qui chamboulent la partition.

Du rouge partout sur les draps, et la douleur, qui jaillit, si noire, si mauvaise. Dans la fusion Stendhalienne, éclipsé le bleu de la mer.

S’enfermer dans la chambre, tirer les rideaux, sombrer dans le silence des oreillers. Tenter d’échapper à la question, en boucle, inutile, têtue : pourquoi ?

Mais là encore, sur la partition du destin, l’inattendu est le facteur sur lequel il faut savoir parier. Et pour l’orchestre, pas question de faire retentir un requiem.

Le mouvement qui s’est invité, c’est un air léger, très doux, quelques notes de musique qui se faufilent vers son cœur blessé. Un air de magie qui fait surgir un inconnu, un inconnu qui propose, viens, allons faire un tour, je t’emmène voir le phare. Elle comprend qu’il serait absurde de refuser, elle se laisse faire, elle le suit. Il lui montre le littoral, les anciens repaires de pirates, il lui parle de son île qui a accueilli tant d’écrivains, dont celle qu’elle aime tant, l’amoureuse aventurière, la George Sand. Elle l’écoute, attentive.

Et soudain, parce que c’est la suite de la musique, elle se retrouve dans ses bras, de l’eau dans les yeux, sur les joues, et lui ne pose aucune question, il serre fort, fort, fort. All you need is love, affirme la chanson. C’est vrai. Les bouquins qu’elle dévore disent cela aussi. Et là, collée contre lui, elle sent que cet élixir de tendresse, c’est la seule chose dont elle a besoin. Le reste ne compte plus, le travail, les responsabilités, l’avenir, elle veut vivre comme dans un livre, être cette héroïne balayée par l’amour, un amour qui change toute la donne, qui insuffle toutes les résurrections.

Après tout, au grand jeu de la vie, qui tient vraiment le stylo ?

> Cette chronique fait partie de la série 2023 « de l’invisible ». L’invisible, c’est quoi ? Mystérieux et simple à la fois : je le définirai comme un hasard, un ressenti, un regard vers les étoiles. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, des idées lecture, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016. Et si vous croyez en la nécessité de faire sa part de colibri, partagez ce texte.

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