En pensant aux enfants qui me sont chers, Margot, Victor, Esteban, Olivia, Adrien, les questions deviennent douloureuses. Ces rapports précis, étayés, expliquant les causes des problèmes qui se multiplient, sécheresses, inondations, feux, sols arides, disparition du monde sauvage – problèmes observés aux quatre coins de la planète. Ces statistiques claires, solides, affolantes – parce que le temps est soudain la plus rare de toutes les ressources.

Bien sûr, j’avais déjà en tête certaines données. Mais là, j’ai passé un cap supplémentaire dans la sortie du déni. Des lectures, des documentaires, des podcasts qui demandent un vrai temps de digestion.

Je crois que le plus compliqué, dans cet horizon périlleux, c’est de ne plus pouvoir élaborer des projections situées dans un avenir proche, disons dans 10 ou 20 ans. Sentir qu’il y a un mur, sans savoir quelle est sa dimension, sa consistance, ce qu’il créera comme nouvel échafaudage.

À quoi rêver désormais ? Si on abolit les promesses trompeuses du consumérisme et du progrès technologique, à quoi se raccrocher pour espérer une vie bonne ?

Je devine que la première étape est d’accepter de ne pas savoir. Admettre qu’il y aura un moment de tâtonnement, à la recherche de nouveaux rêves.

Je devine que la seconde étape sera du côté de l’expérimentation. Certes, la vie sera moins confortable – mais faut-il le regretter ? Le confort est parfois une distraction, selon la définition du philosophe Pascal – une voie qui nous détourne de l’essentiel, d’un sens plus profond qu’il appartient à chaque personne de trouver.

Je devine que la réponse, au final, je la connais. Investir dans ce qui est impérissable : l’amour, la poésie, la confiance, la contemplation, la joie. Inventer une autre qualité de lien à la terre, au ciel, aux cœurs qui obstinément se battent.

Et vous, comment envisagez-vous de franchir l’horizon ?

> Cette chronique fait partie de la série 2024 « Transformation ». Une série sur le changement, vécu non comme un fardeau, une épreuve subie, mais comme un appel intime, comme une voie vers une vie pleine. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016.