Auteure | Conférencière | Coach

2024 / 13 : PERDRE LE NORD

Personne n’a envie de reconnaître comme la vie peut être cruelle. Au cinéma, on tolère les tragédies en se disant que c’est du matériau pour grand écran, en se répétant que ce n’est pas réel, en revenant après la séance à ses tracas habituels, le stress du boulot, les priorités pour les enfants, le voisin bricoleur à rappeler pour rafistoler le robinet qui goutte. On se rassure, on se concentre sur les enjeux du présent, on trouve des ressources pour faire face au quotidien.

Le drame est par essence inattendu, inconcevable, inexplicable. Au début, on n’y croit pas. La douleur est trop aiguë. Puis elle s’installe et nous exile de la sphère des vivants. Le cerveau, le cœur, le corps ne savent pas comment répondre. La sidération envahit le système, digues éventrées, fondations fracassées.

Cet été, je n’ai pas goûté à l’été. Trop brutal le choc. J’ai été dépossédée de tout ce qui me permet normalement d’avancer. Brisée la boussole. Peu importe le détail des événements, le résultat est que je ne connais plus rien de la vie. Je ne la comprends plus. Mais je n’ai pas envie d’écrire sur le chagrin, le deuil, le désespoir. Ce n’est pas mon rôle, ce n’est pas ainsi que je me représente mon métier d’autrice. Il y a les infos pour plomber les gens.

Alors je vais prendre le temps. Écouter le silence. Apprivoiser le vide. Me laisser couler, en faisant confiance, pari risqué et mesuré, à l’instinct de survie qui conduit à remonter. Ce même instinct qui m’a poussée à manger des chips pendant des semaines, comme une enfant capricieuse, avant que l’estomac ne revienne au désir de tomates et de nectarines, de poisson, de riz, de fromage, de menthe, d’épices, d’œuf, de pastèque, de pain, de citron.

Je vais chercher comment réparer ma boussole. Traverser le tunnel noir. Au ralenti, en tâtonnant, en acceptant l’épuisement immense. Interroger les particules de lumière. Peut-être le sens m’apparaîtra. Peut-être que l’expérience m’amènera à renouveler le vocabulaire de ma plume. Peut-être.

Est-ce que je vais déserter pour autant les réseaux ? Non – j’ai besoin de distance mais pas de rompre le lien avec vous qui me lisez. Je continuerai à mettre en ligne de la poésie. Parce que la poésie est une bouée qui tient la tête hors de l’eau. Si j’ai la force, je vous proposerai d’autres contenus. Si je ne l’ai pas, je prendrai des notes, et je les infuserai plus tard dans mes mots.

Dans tous les cas, je vous remercie pour ce fil entre nous, cet amour des textes, de l’intense et du tendre, cette soif de l’âme que nous partageons, qui rend ce monde plus supportable.

> Cette chronique fait partie de la série 2024 « Transformation ». Une série sur le changement, vécu comme un appel intime, comme une voie vers une vie plus pleine. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016.

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