L’Amérique va bientôt se prononcer sur un nouveau tandem au sommet – dans un contexte tendu, celui d’un pays profondément divisé.

A vrai dire, tous les pays sont divisés et les polarisations s’accentuent. C’est comme si nous avions développé des opinions sur de multiples sujets et nous avions décidé de nous emprisonner dedans. Le monde n’existe plus : à la place, il y a des centaines, des milliers, des millions de bulles, étanches les unes aux autres, parfois hostiles les unes envers les autres. Il semble désormais impossible de fréquenter des gens qui pensent différemment.

Pourquoi les opinions ont-elles envahi tout l’espace ? Pourquoi avoir oublié l’enseignement de Socrate qui encourage à dépasser l’opinion, sortir de nos cavernes, embrasser une recherche de vérité plus vaste ?

Je me rappelle, quand j’étais lycéenne, en cours de philo, je trouvais ça étrange ce concept de vérité avec un grand V. Je n’arrivais pas à saisir ce qui se cachait derrière ce mot.

Plus tard, je suis partie en Inde pour étudier histoire, sociologie et littérature. Et sans m’en rendre compte, petit à petit, j’ai plongé dans la pensée indienne. Plonger comme on plonge dans la mer. Être toute mouillée. Et même laisser l’eau s’infiltrer en moi. Il y a plusieurs idées qui sont devenues miennes. La philosophie indienne pose, notamment, le principe de l’unité, et nous invite à cheminer dans le réel pour en faire l’expérience. Elle nous invite par exemple à saisir, dans nos tripes, combien la séparation entre moi et les autres est une illusion. Nous sommes reliés, nous sommes interdépendants, nous sommes miroirs les uns pour les autres. Cela change toute la donne de considérer ainsi l’altérité.

De retour en France, j’ai continué ma quête socratique. J’ai écouté des conférences sur les diverses sagesses d’orient et d’occident. J’ai entendu d’autres mots pour évoquer ce qui est la grande vocation pour chaque âme qui a la chance de naître. Un mot revenait, fort et banal à la fois : Amour. Pareil, à écrire avec un grand A, parce qu’il ne se résume pas au sentiment romantique. Nous sommes tous conviés à insuffler de l’Amour dans nos actions et relations. Toutes les traditions encouragent à interagir au quotidien avec bienveillance & empathie, à limiter jugements & projections fabriqués par le cerveau. En fait, c’est par l’Amour que nous pouvons vivre cette expérience de l’unité.

Évidemment, ce n’est pas simple. Mais c’est intéressant et beau comme challenge. Lâcher nos opinions bornées. Apprendre, comme le Petit Prince de Saint-Exupéry, à regarder avec le cœur. Parce que l’existence est tellement plus joyeuse et douce quand on met l’Amour au centre de nos journées. Parce qu’on a besoin de coopération et d’entraide pour construire d’autres futurs, plus lumineux, plus paisibles.

Les enfants qui jouent à souffler des bulles de savon le savent : la splendeur de la bulle réside dans sa poésie, sa fragilité, son évanescence… et le plaisir de la percer !

> Cette chronique faisait partie de la série 2020… Comme le propos me semble toujours pertinent, je reprends ce texte dans la série 2024 « Transformation ». Une série sur le changement, vécu comme un appel intime, comme une voie vers une vie plus pleine. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016.