Chronique de Nos Vies n°7 – EN CHEMIN, CONTER LES PAS
- février 22, 2018
- by
- Mathilde Vermer
Longtemps, Anne a cru que parler dans un micro, c’était comme chanter dans sa salle de bain. Un truc intime. Sans spectateur. Sans conséquence. Qui ne donnait lieu à aucun commentaire. Dernièrement, tout a changé. Désormais, les messages des auditeurs affluent. Il faut dire qu’elle ne parle plus des mêmes choses, Anne. Elle n’est plus la voix qui annonce l’actualité nationale et internationale. Elle n’est plus simplement la journaliste qui va tendre son micro pour recueillir les témoignages.
Longtemps, j’ai regardé Anne avec un mélange d’admiration et d’étonnement. Une femme qui n’entrait dans aucune case, avec une vie si riche, et tellement de dons… Car, Anne, au début, on me l’a présenté comme peintre et j’ai tout de suite adoré ses toiles. Et puis, j’ai appris, dans des bribes de conversations, qu’elle avait énormément voyagé, seule. Et puis, j’ai entendu comme ça, par hasard, qu’elle avait travaillé, juste après ses études, comme interprète en langue des signes. Et puis, elle m’a parlé d’un reportage sur les sages-femmes, d’un autre sur les chamanes, et puis, le journalisme a disparu des discussions, et sur Facebook, j’ai vu des vidéos de performances poétiques dans les rues de Paris.
Anne rit. Bah oui, elle a fait beaucoup de choses dans sa vie. La créativité, c’est son domaine. Elle aime apprendre, elle n’a pas peur d’oser, alors elle fonce, même si elle doit faire des erreurs, se planter, se perdre. Cela dit, sa colonne vertébrale est très claire : l’expression.
Pour Anne, ce qui compte, c’est de dire. Dire autre chose que des mauvaises nouvelles. Dire autre chose que du superficiel. Dire ce que dans les familles, on préfère taire. Sa quête, par tous les canaux qu’elle a pu explorer, c’est de trouver sa liberté et son message. Trouver à dire la vie telle qu’elle nous secoue, dans sa vérité, dans sa profondeur. Faire part du chemin qui a été le sien, non pour en mettre plein la vue, non pour donner des leçons, mais pour dire que le bonheur, ça s’apprend. Qu’on peut trouver des trésors en soi pour sortir des douleurs qui nous étouffent, des impasses qui nous conduisent au repli. Qu’on abrite mille potentiels, et que le jeu, dans le quotidien, c’est aussi de les explorer.
Anne raconte les rencontres qui ont changé la donne, les thérapeutes, les artistes, les inconnus du bout du monde. Elle chronique aussi les bouquins, les films, les musiques qui lui ont donné des idées. En faisant cela, en parlant d’elle et des ressources qui ont croisé sa route, elle veut que chacun, chacune, à son tour, mette la main sur ce qui lui fera du bien. C’est sa part de colibri, sa contribution au plus vaste. Et visiblement, cette fois-ci, sa voix porte loin, loin, loin, bien plus loin que sa salle de bain.
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Et vous, vous connaissez Anne CAZAUBON ? Vous l’écoutez à la radio ? Laissez un mot en commentaire.
Crédit photo : Christophe CRENEL