Chronique de Nos Vies n°14 – DÉNOUER LES IMBROGLIOS
- avril 19, 2018
- by
- Mathilde Vermer
Les gens qui arrivent dans son bureau portent beaucoup sur leurs épaules et dans leur cœur : ils se débattent avec leur histoire, ils tentent de survivre face à ce qui les écrase. Problèmes d’endettement, troubles psychologiques, handicaps, déracinement, conflits familiaux, chômage… Souvent, flotte dans leur regard un mélange de désespoir et d’angoisse. Odile les fait asseoir, elle les écoute, puis elle cherche comment les aider. Les conseiller dans leurs démarches administratives, les orienter pour les demandes médicales, les guider dans leurs efforts pour décrocher un job, un toit, une école pour les enfants. A chaque fois, son souci est de leur permettre de mieux naviguer dans la société, trouver leur place, faire face à leurs besoins en étant autonomes et responsables de leurs choix.
Assistante sociale, c’est un boulot qui ne fait pas les gros titres des journaux, et pourtant, la tâche est immense. Soutenir ceux qui sont marginalisés et exclus, c’est une des missions les plus nobles de l’État Providence… Pour Odile, c’est à la fois une fonction très valorisante, car elle sait l’utilité de son travail, et une charge épuisante, avec une dimension émotionnelle qu’il faut apprendre à mettre à distance.
Dernièrement, c’est le contexte dans lequel elle exerçait son métier qui ne lui convenait plus. Elle se sentait à l’étroit dans le cadre institutionnel, elle avait soif d’une plus grande liberté. Alors, elle a décidé de reprendre une formation, et de développer une partie de son activité en tant qu’indépendante. A son tour, elle affronte le vertige de l’inconnu, elle se pose la question de boucler son budget à la fin du mois, elle doit chercher les personnes qui vont l’appuyer dans son projet.
Cette expérience lui donne le sentiment de comprendre encore mieux ceux qu’elle assiste. Comme eux, en ce moment, elle dort mal… Car elle doit cerner ses forces, elle doit dépasser ses peurs, elle doit partir à la conquête d’une nouvelle partie d’elle-même. Et comme eux, elle se sent fière quand elle tient ses objectifs. Intuitivement, Odile perçoit que cette nouvelle direction dans sa vie professionnelle est porteuse de plus de sens, plus de d’amplitude, plus de couleurs. Et ça, ça lui procure un supplément d’énergie énorme pour déplacer des montagnes au nom de ceux qui viennent déposer leur fardeau entre ses mains.
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