Chronique de Nos Vies n°21 – L’EMPREINTE D’UNE FILIATION
- juin 07, 2018
- by
- Mathilde Vermer
La scène se passe au milieu des années 2000. Éric travaille alors pour une entreprise qui construit et installe des éoliennes en France, une entreprise qui s’engage en faveur de la transition écologique : utiliser les énergies renouvelables, limiter la pollution, prendre soin de la planète. Pour son travail, Éric voyage énormément. Il sillonne l’hexagone en voiture, jusqu’au jour où son dos dit stop. Une douleur fulgurante un matin, il ne peut plus bouger. Il sent qu’il va falloir trouver un autre mode de vie, plus en accord avec son corps, plus à l’écoute de ses besoins et ses limites. Remis sur pied, il découvre par hasard le yoga, goûte aux arts martiaux, explore les vertus des médecines alternatives. C’est une révélation. Le mot « santé » prend d’un coup une autre signification.
Car la santé, c’est quelque chose qui a toujours suscité son intérêt. Il y a cette première expérience professionnelle, après ses études, chez un géant de l’industrie pharmaceutique américaine… Expérience qu’il abrègera : vendre des médicaments en appliquant des techniques marketing, tout miser sur la chimie, il sent qu’il y a un problème dans cette approche. Ensuite, il y a cette expérience très concrète : son service militaire, début des années 90, au sein des Pompiers de Paris. Apporter les premiers secours après un accident, conduire à l’hôpital, en toute urgence, une personne qui vient de faire un arrêt cardiaque, assister les rescapés d’un incendie : la santé, à ce moment-là, implique des gestes médicaux qui sauvent des vies.
Singulière cette épopée, quand même… Surtout que sa trajectoire connaît un autre moment atypique : après les pompiers, Éric s’envole vers l’Afrique, pour y bosser 5 ans, avec une ONG. Il a une mère sud-africaine, il a envie de mieux connaître cet immense continent. Il signe un contrat qui le conduit à vivre entre Abidjan, Nairobi et Johannesburg. Que fait-il exactement ? Avec une équipe médicale, dans une camionnette tout équipée, il se rend dans les campagnes reculées pour proposer des soins et des séances d’information sur le paludisme, le sida, la grossesse, l’accouchement, les maladies infantiles, etc. Il rencontre des milliers de personnes, des rencontres qui se font dans la simplicité, qui le frappent par la joie qui surgit au bout de quelques mots, un sourire, un éclat de rire, une main que l’on serre. Éric constate au cours de ses pérégrinations que la majorité des maladies occidentales sont absentes des contrées qu’il traverse. Peu de cancer, peu de diabète, pas de dépression : les liens forts qui existent au sein des familles et des voisinages semblent contribuer à garder les gens en bonne santé.
Aujourd’hui, Éric a fait le choix de mettre au service des autres ce qu’il a compris au cours des vingt-cinq dernières années. Il a fondé une structure, Akayogi, et se rend dans les entreprises pour animer des ateliers sur la méditation, la respiration, le yoga. Il aide à développer le lien avec soi-même, son corps, son esprit, il aide à adoucir le lien avec les autres, par un travail sur les émotions. Souvent, il raconte son histoire, il témoigne de ce qu’on ressent quand on habite un corps en bonne santé, quand on réussit à calmer le flot de ses pensées, ses inquiétudes, son stress. Au fond, il poursuit le travail de son grand-père, chirurgien et pionnier, en 1930, en médecine viscérale. A chaque époque, ses maladies. A chaque époque, sa définition de la santé. Éric se veut acteur de la révolution en cours : celle d’une santé globale et naturelle, qui permet de toucher à une forme de sérénité, qui permet de déployer pleinement son humanité.
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