Chronique de Nos Vies n°31 – PRENDRE LE VOLANT
- octobre 11, 2018
- by
- Mathilde Vermer
Sont accueillis des jeunes qui ont décroché depuis longtemps du système scolaire, des personnes qui sortent de prison, des femmes qui cherchent un job pour se reconstruire après des années de maltraitance… Se croise ainsi, dans les locaux de l’association, à Montreuil, un public intergénérationnel, interculturel, hommes et femmes mélangés, des histoires souvent compliquées, problèmes de santé, problèmes financiers, problèmes familiaux, tableau noir complété par des mots aussi sombres : addiction, violence, précarité… Bref, vous avez compris !
Qu’est-ce qui réunit ces gens ? Un projet que de millions d’adultes, partout dans le monde, mènent : obtenir le permis de conduire. Le permis, comme sésame vers l’emploi, l’autonomie, la dignité. Un projet qui se révèle un parcours du combattant pour une population fragile : il faut s’inscrire en ligne (très difficile quand on est peu habitué au digital), il faut suivre des cours de code et de conduite (apprendre, en faisant preuve de patience, de persévérance, en dépassant ses souvenirs scolaires), enfin il faut passer des examens, avec le stress que cela entraine – démultiplié pour celles et ceux qui ont une faible estime d’eux-mêmes, qui ont été longtemps confrontés à l’échec et la marginalité.
L’association connaît les différentes facettes de ce challenge. Elle sait aussi qu’obtenir le permis, c’est enclencher un cercle vertueux qui leur permettra de sortir de la galère. L’accompagnement se veut donc très complet : on enseigne à utiliser un ordinateur, on rassure et soutient pour diminuer l’angoisse, on propose des méthodes pédagogiques innovantes pour le code et la conduite… Et ça marche ! Il y a des histoires fabuleuses de réussite, des vies qui reprennent de l’élan, des parents qui retrouvent, devant leurs enfants, un sentiment de fierté parce qu’un permis, un job, une place dans la société.
Le pilotage de ce projet est assuré par Stéphanie, la quarantaine, brune, fine, une énergie qui déplace des montagnes. Comment elle se sent, Stéphanie, dans sa mission ? A sa place. Oui, c’est l’impression qu’elle a quand elle regarde son quotidien, avec son job à temps partiel dans cette structure solidaire – l’autre partie de son temps étant consacré à son fils de 6 ans. Résultat d’un cheminement personnel cet équilibre. Car Stéphanie a cherché un boulot qui lui permette de combiner ses différentes casquettes, de professionnelle, de citoyenne engagée, de mère.
Ce qui lui manque maintenant ? Ajouter une touche verte au projet : pour certaines personnes, le vélo serait une bonne solution de mobilité, pour d’autres le covoiturage permettrait de limiter les coûts… Alors pourquoi pas ? Développer ces axes, comme horizon plus ou moins proche, si les subventions suivent, si les collectivités sont d’accord pour continuer à financer ce programme d’accès à l’emploi… Avoir confiance, telle est sa ligne de conduite !
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