M’Chroniques n°17 – METTRE DU NEUF DANS SA VIE
- septembre 24, 2020
- by
- Mathilde Vermer
Dans la tradition bouddhiste, un des principes fondamentaux est l’acceptation du changement. Comme les saisons qui se succèdent, comme la terre qui poursuit sa course autour du soleil, comme les marées qui vont et viennent, les sages rappellent sans cesse l’impermanence des choses qui explique que chaque vie humaine soit remplie d’obstacles, de ruptures, de cycles d’expansion et de contraction. On le sait, et pourtant, à titre personnel, on ne voit pas toujours quand on franchit un seuil, quand on rentre dans une nouvelle ère. En revanche, on sent les mouvements qui nous dépassent lorsqu’on constate que nos émotions varient, nos sentiments évoluent, nos corps se transforment.
Plutôt que résister au changement dans une tentative vaine, la philosophie orientale conseille aux êtres humains d’embrasser ce changement. Certes, c’est souvent plus facile à dire qu’à faire… Renoncer et se renouveler dans sa manière de faire, remettre en question une façon d’être, c’est souvent inconfortable, irritant, perturbant.
En ce moment, alors que notre quotidien subit les ricochets de l’épidémie, alors que l’automne vient colorer les feuilles et nous inviter au dépouillement, je sens qu’il est temps de me mettre au diapason de cette grande vague qui nous pousse vers la transmutation. Et pour rejoindre ce processus, je regarde les habitudes qu’il est temps d’abandonner.
Je sens par exemple que ce n’est plus possible de mener la vie que je menais à Paris. Qu’il me faut apprendre à ralentir, en diminuant les sollicitations professionnelles et sociales pour revenir à mon centre, à un essentiel plus posé. Le comment, je travaille encore dessus… Je crois que cela passe par des gestes simples, par exemple cuisiner autrement – arrêter les réflexes fromage-pain, les grosses assiettes de pâtes, l’automatisme qui me conduit à rajouter du sel, de l’huile, du sucre… A la place, éplucher les légumes et opter pour une alimentation plus savoureuse, plus saine, qui me donne de l’énergie.
Le grand chantier, cela dit, n’est pas celui de l’alimentation. C’est celui du rapport à la honte, la culpabilité et la peur. Dernièrement, j’ai pu mesurer combien j’étais prisonnière de ces émotions. Elles se glissent, partout, insidieuses, par des jugements négatifs sur moi-même, par des stratégies d’évitements, d’autolimitations, d’autocensure qui teintent mes interactions, mes gestes et mes paroles. C’est fou comme les conditionnements hérités de l’enfance, de mimétismes familiaux, sont envahissants. Et je ne veux plus me laisser régenter par des vieux schémas. Là-dessus, j’ai la capacité d’agir, j’ai la capacité d’être plus libre. Alors, c’est une promesse que je me fais à moi-même : traquer honte, culpabilité et peur pour m’en détacher, pour essayer une nouvelle direction et découvrir où elle me mène.
Et vous, qu’avez-vous envie d’abandonner pour entrer dans l’automne ?
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