En novembre, il y a toujours un moment où je sombre dans le noir, comme avalée par la densité de la nuit, comme rattrapée par le froid qui finit par mordre. Tout me semble trop lourd, trop hostile, trop oppressant. Pour m’opposer à l’obscurité qui envahit mon esprit, qui fige mon corps, je vais chercher de la fougue auprès de mes héroïnes chéries.

Dernièrement, je pense souvent à George Sand. Plus de 70 romans publiés, et des pièces de théâtre jouées, et des contes, des nouvelles… Comment s’est-elle débrouillée pour produire autant ? Son écriture prolifique me fascine et me montre que c’est possible. Alors je songe à elle pour qu’elle me transfère un peu de sa force, en appelant une contagion de l’énergie créatrice.

Au-delà de ses prouesses littéraires, elle a une place particulière dans mon cœur parce qu’elle a su aimer. Follement. Plusieurs fois, elle a succombé à l’intensité des sentiments et de la passion. Plusieurs fois, donc, elle a surmonté des ruptures, des chagrins, des déceptions, pour essayer encore, pour donner encore une chance à l’amour. Elle n’a pas cherché à se protéger, à se mettre à l’abri de la douleur. Elle a vécu en écoutant ses élans, en multipliant les aventures, en acceptant le prix d’une vie pleine, tissée patiemment entre des hauts et des bas. Toujours prête à oser, à risquer sa tranquillité, à choisir l’exaltant qui rend vivant.

George Sand est une sorte de mentor pour moi, parce qu’elle ne place pas sa sécurité à l’extérieur d’elle-même. Si elle se laisse entrainer dans des péripéties romanesques, c’est qu’elle a confiance en elle, en sa capacité à rebondir face aux événements. Elle sait qu’elle peut continuer à mener sa barque, écrire, prendre part aux débats de son époque, tout en expérimentant toutes les couleurs de l’existence. Elle ne craint rien parce qu’elle se connaît, puissante, résiliente. La souffrance ne l’arrête pas. Les contrariétés et les critiques ne la font pas douter de son talent. Elle tient son cap, elle avance. Et c’est merveilleux de lire sa biographie avec tous les succès qu’elle a obtenus. Comme si sa destinée prouvait qu’elle avait eu raison dès le départ, comme si son appétit de vivre, illimité, avait toujours été sa plus grande source d’inspiration, sa boussole face à la tempête.

Et vous, à qui pensez-vous quand vous avez besoin de rassembler du courage ?

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