Un conflit de voisinage, un conflit professionnel, un conflit familial. Depuis 15 jours, j’ai l’impression que mon quotidien est chaotique, à l’image de l’actualité et de ses embrasements.

La tentation ? Comme tous les êtres humains, quand ça brûle, je préfère fuir. Ou m’énerver. Habitudes anciennes. Réactions mécaniques et faciles. Mais l’invisible se moque de mon désir de facilité. L’invisible toujours pousse à grandir, se dépasser, opter pour davantage d’intelligence et de sagesse.

Dans les cas récents, la stratégie n’était pas la même partout, parce que les contextes, les enjeux, les rôles des protagonistes étaient différents. Dans une situation, j’ai senti que la résolution passait par un ferme rappel du contrat. Dans une autre, il fallait taper du poing sur la table. Et dans la dernière, pour arriver à un apaisement, je devais admettre mes torts, m’excuser, réparer.

Ne pas chercher à avoir raison à tout prix : un enseignement à apprendre dès l’école, et renforcer tout au long de la vie. Certes, il faut être capable de courage pour prendre la parole, et articuler des arguments. Mais il en faut aussi pour écouter, faire preuve d’humilité et reconnaître la pertinence des arguments de l’autre personne.

Au fond, cela demande de sortir de tous les enfantillages qui ont survécu au passage du temps : chasser toute inclination à la vengeance, au caprice, au chantage. Effacer le souvenir des jeux de gamins, ces jeux qui opposent des camps ennemis, qui découpent l’univers entre les gentils et les méchants. Représentation binaire et pauvre.

A la place, chercher le terrain d’entente, où tout le monde peut exprimer ses besoins complexes, où on peut réfléchir ensemble au meilleur scénario. Construire des alliances, cultiver une vision qui fédère, imaginer une solution qui soit bénéfique à toutes les parties : c’est un sacré boulot. Et j’utilise le mot sacré à dessein. Et comme dans toute dimension sacrée, il y a beaucoup à gagner à la tenter. Un conflit surmonté, ce sont des liens qui s’approfondissent, une confiance qui s’affermit, une sérénité qui adoucit cœur et esprit.

Alors ? De mon côté, dénouements en cours. Je ressors essorée de négociations laborieuses. Maintenant, il est temps de prendre soin de mon aspiration à la paix, débrancher quelques jours, récupérer de l’élan, pour revenir en novembre avec du peps, et l’envie, encore, toujours, de semer de la poésie à tous les vents.

> Cette chronique fait partie de la série 2023 « de l’invisible ». L’invisible, c’est quoi ? Mystérieux et simple à la fois : je le définirai comme un hasard, un ressenti, un regard vers les étoiles. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016. Et si vous croyez en la nécessité de faire sa part de colibri, partagez ce texte.

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> Portrait par Marine Lecroart
Dans les rues de Marseille
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