Jusque tard dans la matinée, ils chantent. Un chœur d’oiseaux, logés dans l’arbre voisin, qui me rappellent que le printemps arrive.

C’est la première année que je perçois si nettement les gazouillis joyeux. Il a fallu plusieurs jours pour que je prenne pleinement conscience de leur présence et de leur message.

Perdue dans la fatigue hivernale, maudissant l’heure du réveil, râlant contre les urgences impérieuses, mon oreille ignorait le cadeau. Heureusement, la nature insiste. Par tous les moyens, elle nous tire par la manche, nous sort du tunnel gris de nos enfermements, nous invite à ouvrir nos sens, à se mettre au diapason de sa musique harmonieuse.

Il n’y a pas de route linéaire sous nos pieds, pas de déroulé rectiligne pour notre destinée. La vérité de nos existences zigzague et se cale sur le cycle de la terre, des saisons, du passage du temps. Le changement permanent. Le tintamarre perpétuel de la vie, de l’expansion, du retrait, de la mort, de la renaissance. Le contraste des expériences. L’alternance du froid et du chaud, du sec et de mouillé, du bruit et du silence, du laborieux et du facile, de l’ennui et de la passion. Tisser une étoffe colorée de nos traversées par marée haute et marée basse.

Dans certaines cultures, le Nouvel An correspond à l’arrivée du printemps. Cette ferveur de la sève qui monte, cet élan qui partout bourgeonne. On cuisine des plats délicieux, on s’offre des présents, on formule des vœux.

Moi, je saisis toujours l’opportunité de murmurer des vœux. Attention : des vœux, pas des fantaisies inaccessibles à la Peter Pan, pas non plus des contraintes supplémentaires – du type je ferai plus de sport ou je mangerai moins de sucre (au secours !).

Des vœux comme des paroles poétiques adressées au ciel et à la terre, à mon âme qui tient la boussole, à mon cœur qui orchestre la danse. Des vœux pour garder le cap vers l’horizon, pour que le printemps s’inscrive posément dans mon cerveau occupé. Des vœux qui encouragent ce que je veux arrêter et ce que je veux débuter. Des vœux pour que la joie, l’amour, la paix prennent plus d’espace à chaque souffle.

Et vous, en ce printemps, que désirez-vous accueillir davantage dans votre réalité ?

> Cette chronique fait partie de la série 2024 « Transformation ». Une série sur le changement, vécu non comme un fardeau, une épreuve subie, mais comme un appel intime, comme une voie vers une vie pleine. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016.