2024 / 17 : PAS D’AUTRE AMI COMME TOI
- décembre 05, 2024
- by
- Mathilde Vermer
Première rencontre : un samedi de septembre, une salle de l’est parisien, un petit groupe. Chacun arrive avec son paquet de drames, des nœuds qui pèsent sur les épaules, qui inhibent les potentiels, qui démultiplient colères et peurs.
Sur le papier, le programme oscille entre le grave et le sinistre. Mais ni toi ni moi n’avions envie de sangloter sur le passé. Alors on a fait le boulot de défaire les nœuds en rigolant – se branchant sur la même fréquence ce jour-là, dans ce groupe-là, en thérapie. Drôle d’endroit pour un coup de foudre. Un coup de foudre d’amitié.
On s’est revus très vite. Il fallait poursuivre la conversation, les amours, les projets, les lubies, s’étonner, se confier, prolonger la complicité, et fixer une règle : peu importe les hauts et les bas de l’existence – en parler, en rire.
En cinq ans, on a si souvent veillé tard. Se raconter des histoires à dormir debout. Trouver l’angle pour que le désastre ne soit qu’un événement sur le chemin. Effacer le poids de l’incarnation humaine, célébrer comme la vie est passionnante, tous ces mystères à décrypter, tous ces hommes à aimer, toutes ces expériences professionnelles à tenter. Et écrire et monter sur scène et rêver d’un autre monde.
Je me souviens particulièrement de cet été-là. Nous étions beaux cet été-là. À Marseille, je trouvais mes marques, et toi tu t’échappais de Paris pour me rejoindre. On se baladait, on se baignait, on grignotait en terrasse.
Nous étions beaux cet été-là. Nous étions heureux cet été-là. Notre amitié nous donnait de l’appétit, du peps et de la force. On savait qu’on avait une carte à jouer, pour contribuer à cette époque étrange, et nous avions très envie de la jouer.
Le vide que tu laisses, Tom. Tu sais comme ça fait mal ? Je fais comment cette fois-ci pour me débarrasser du chagrin ? Je t’entends te moquer. Ça suffit, la pleureuse…. Bah oui – je pleure et j’ai mal au cœur.
Tu sais, je crois qu’on s’est trompés. Il y a des douleurs au-delà des mots. Des douleurs qu’il faut accepter de ressentir, accepter de sombrer dans le gouffre, car c’est ça aussi la vie. Promis, on n’y restera pas dans le gouffre.
Demain, j’irai murmurer un adieu, dans ce coin des Landes que je ne connais pas. Je verserai toutes les larmes que mon corps contient, et puis je reprendrai ma route en t’emmenant avec moi. Parce que je n’ai pas d’autre ami comme toi, parce que j’ai encore tant à te dire. Parce que nos rêves, je ne les abandonne pas, parce que je veux les accomplir avec ta voix dans l’oreillette, ton rire dans ma tête, ton souffle pour guider ma quête.
> Cette chronique fait partie de la série 2024 « Transformation ». Une série sur le changement, vécu comme un appel intime, comme une voie vers une vie plus pleine. Vous aimez ce que je publie ? RDV sur les réseaux sociaux pour retrouver de la poésie, et les autres chroniques que j’écris depuis 2016.
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