Chronique de l’Ailleurs n°36 – FLAQUES DE SANG, FLAQUES DE LARMES
- octobre 04, 2017
- by
- Mathilde Vermer
Après un mois de septembre marqué par les catastrophes naturelles, en octobre, c’est le retour de la violence humaine. Trois événements, dimanche dernier, à quelques heures d’intervalle, réveillent en moi tristesse et lassitude.
D’un côté, il y a ce référendum en Catalogne, avec ces images de policiers qui trainent des manifestants par les cheveux et qui les matraquent. Je n’ai pas à exprimer d’opinion sur le fond, je ne suis pas citoyenne de ce pays, je ne comprends pas tout. En revanche, je trouve désolant pour une démocratie qu’un conflit politique prenne cette tournure. Par ailleurs, en voyant les images, j’ai pensé à la guerre civile de 1936, cette plaie encore sanglante dans l’histoire espagnole. La Catalogne, à l’époque, a été un territoire où se sont opposés férocement les divers camps. Je me suis demandée ce qui était en train de se jouer à nouveau, quels étaient les enjeux historiques non résolus, mal enterrés, derrière cette demande d’indépendance.
De l’autre côté, il y a cette fusillade à Las Vegas. Un homme, seul, lourdement armé, qui depuis une fenêtre tire dans la foule, tue 60 personnes, en blesse 500 autres. Ce n’est pas la première fois qu’une fusillade ensanglante l’Amérique. Ce n’est pas pour autant qu’on s’habitue aux bains de sang. Je pense à Obama, à son combat pour la régularisation des armes à feu, à l’échec de ce combat, aux conséquences de cet échec. Combien de fois, encore, faudra-t-il lire dans les journaux des gros titres sur des tueries pour que les choses changent ? Comment ça se fait qu’en 2017, avec tous nos progrès technologiques, avec cet accès facilité pour de nombreuses personnes à l’éducation et au savoir, comment ça se fait que massacrer des anonymes puisse être vu comme une voie acceptable à la libération de sa frustration ? Je sais, c’est naïf comme question. Mais, c’est une vraie question.
Enfin, il y a cet homme, à la gare de Marseille, qui poignarde deux jeunes femmes. La presse mentionne une revendication terroriste derrière l’acte. Pas la peine de souligner, encore une fois l’effet de répétition, et le chagrin, la peur, la désolation d’entendre qu’encore une fois, des gens meurent parce que d’autres ont certaines convictions politiques extrêmes. Douleur en pensant aux vies sacrifiées, multiples questions sur le pourquoi, sur ce moment où un homme se transforme en assassin, inscrit sa rage dans le sang.
Philosophiquement, c’est quand même un immense chantier pour l’humanité : sortir de nos répétitions mortifères. Sortir de ce mécanisme en nous qui nous pousse à vouloir avoir raison, ne pas écouter, se mettre en colère, passer à l’acte. Philosophiquement, pour nous, humanité, la question devrait être : comment favoriser la multiplication des individus qui ressemblent à Mandela ? Comment on insuffle, dès l’enfance, l’envie de coopérer, de trouver des solutions communes aux problèmes de société ?
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