NOUS RÉINVENTER – PISTE 16 : LIRE POUR AIMER PLUS VASTE
- juin 14, 2016
- by
- Mathilde Vermer
En 2016, décidément, la haine se décline sous toutes les formes et sur tous les continents.
Orlando, pour moi, jusqu’à dimanche matin, c’était le frère de Dalida, la capitale Disney de la Floride et un grand brun qui se déguisait en pirate. Comme tout le monde, désormais, ce mot sera associé avec un atroce massacre homophobe.
Au-delà des émotions que suscite pareil événement, je me dis que ce drame est le résultat d’une grande pauvreté intellectuelle et morale. La peur de l’autre, le ressentiment fondé sur l’intolérance, des normes sociales étroites, voilà le terreau éternel du meurtre.
Ce qui me frappe aussi, c’est que tout l’espace médiatique n’est plus qu’écho de cet attentat. Evidemment, c’est compréhensible, étant donné l’ampleur de la boucherie. En même temps, cette info qui tourne en boucle ne me semble pas utile pour sortir de la sidération, pour vraiment comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là, dans la tête de l’homme qui a ouvert le feu.
De manière générale, je me fais la réflexion, en m’incluant dans le lot, que nous passons trop de temps à être réceptacle de ce fracas du monde relayé par les médias. Facebook, twitter, la presse, on y consacre tellement de temps (là encore, c’est valable pour moi) mais est-ce que ça nourrit notre intelligence ? notre ouverture ? notre empathie ? Chacun répondra pour soi…
Personnellement, souvent, je m’en veux quand j’ai passé trop de temps sur les réseaux sociaux. J’en ressors comme vide et affolée. Une lecture qui a le goût de la cendre, du rien, de l’éphémère. Pourtant, j’y reviens et j’y reviendrai encore… Alors, où je veux en venir ? Et bien, tout simplement, à côté de cette fréquentation web, j’ai envie de plaider pour d’autres lectures.
J’ai une immense bibliothèque et une immense gratitude pour les auteurs et auteures qui la peuplent. Je sais que ce sont ces voix-là qui me façonnent depuis l’enfance. Je remercie les gens de lettres pour m’avoir sorti de mes petitesses, mon confort, mes préjugés, mon ignorance, pour m’avoir ouvert à d’autres horizons, me parler d’autres vies, me faire chausser d’autres lunettes, me montrer d’autres réalités.
Ce soir, comme un cri du cœur, comme un hommage aux morts, j’ai envie de vous demander d’éteindre tout et de vous installer sur votre canapé avec de la littérature. Reprenons le goût de cette lecture profonde, généreuse, qui explore aussi bien les facettes du monstre que du héros qui nous habite. En lisant, cultivons notre part de lumière, prenons soin de notre capacité à la fraternité, développons notre penchant vers le respect et la paix comme un antidote à la folie criminelle.
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Des idées de titre ? Juste un, parce qu’il est LA réponse à dimanche : ORLANDO, de Virginia Woolf, roman paru en 1928, qui raconte l’histoire d’un homme qui un jour se réveille en femme. Un hymne à la différence, à l’amour, à la liberté. Bonne lecture !