NOUS RÉINVENTER – PISTE 6 : NOURRIR L’ÉLAN
- mars 14, 2016
- by
- Mathilde Vermer
J’habite en ville et ma relation à la nature est très pauvre. Je ne connais ni les arbres ni les fleurs ni les oiseaux. Le ciel, trop souvent, j’oublie de le regarder. Pourtant, ces jours-ci, je sens tout mon corps qui se réveille à l’appel du printemps. Les jours rallongent, la température remonte, la lumière change : que c’est bon ! Alors que l’hiver tire sa révérence, alors que des bourgeons apparaissent, je savoure ces nouvelles envies qui me traversent et m’invitent à de la légèreté.
Il y a en effet des désirs futiles qui me viennent, comme ce besoin de danser, dans mon salon, sur un quai de gare, comme ça, gratuitement, sans attendre l’occasion d’une fête ou d’un cours. Il y a ce métro que je délaisse pour parcourir les trottoirs à pied et éprouver la douceur de l’air. Il y a ces bancs publics où mes fesses veulent se poser pour lire et goûter au soleil. Il y a mes penderies qui s’ouvrent et me rappellent que je peux porter des tissus plus fins, fleuris, joyeux. Oh le bonheur d’être femme, de vivre à Paris, de pouvoir m’habiller comme je l’entends, en jouant avec mes humeurs.
Il y a aussi des désirs plus profonds qui émergent : lancer de nouveaux projets professionnels pour déployer autrement mes compétences ; aller en formation pour acquérir outils et éclairages qui me manquent ; revoir mon rapport au temps pour sortir de ce sentiment permanent d’urgence et d’intranquillité. Ce dernier aspect est celui qui me préoccupe le plus. Comme beaucoup de mes contemporains, j’ai le sentiment de travailler trop, au point d’avoir du mal à m’endormir le soir, car mon cerveau rumine encore sur ce qui reste à faire, ce que je ne dois pas oublier, ce qu’il me faut noter…
L’arrivée du printemps, je la prends comme un coup de pouce pour revoir mes priorités et me permettre d’être plus épicurienne. Marquer une pause, reconnaître mes désirs, leur accorder une place, avoir confiance que nourrir l’élan m’aide à vivre, à avancer, face aux challenges que je rencontre dans ma vie de femme, d’écrivain, de citoyenne.
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