NOUS RÉINVENTER – PISTE 7 : REFUSER DE SE RÉSIGNER
- mars 23, 2016
- by
- Mathilde Vermer
Faudrait-il s’habituer ?
Samedi, attentat à Istanbul, lundi, attentat à Bamako, hier, attentats à Bruxelles.
La Turquie, je rêvais d’y aller.
Le Mali, c’est une terre incroyable que j’ai adoré parcourir seule, avec mon sac à dos, en février 2007.
La Belgique, c’est une destination de musées et de gaufres, où j’ai eu si souvent plaisir à retrouver des amis.
Faudrait-il commencer à entourer sur la carte du globe les endroits ensanglantés ? Je suis sans voix, sans mot, inquiète et triste.
Il n’y a plus de lieu où se sentir en sécurité, protégé, épargné. Le monde, devenu si petit, se partage fléaux et menaces. Un coup, le sort s’abat ici, un coup, ça tombe là-bas.
Plus de répit non plus, dans l’entre-deux. Après la violence, il y a ses conséquences, les traumas, les destructions, les gens qui doivent fuir. Je suis frappée ces jours-ci par le nombre de familles qui dorment dans les rues de Paris. Une femme, deux enfants, un bout de matelas et de couverture… C’est tout ce que notre société peut offrir ?
Hier matin, je travaillais dans un café et j’ai entendu un gars, assis à la table d’à côté, répéter « on est dans l’impasse ». Il parlait de politique, des élections de 2017, mais je sais que sa phrase s’étendait au reste, économie, social, international.
On est dans l’impasse… Voilà une phrase fatale, sans pitié, accablante, paralysante. Une phrase qui confirme le sentiment d’impuissance. Une phrase qui tue la pensée, qui dégomme l’envie, qui coupe les jambes.
J’ai pensé encore à ces attentats, à ces migrants, à ce gouvernement qui désespère. J’ai pensé à tout cela et j’ai senti mon ventre se contracter, mon corps se refermer, ma poitrine lâcher un long soupir.
Et puis, j’ai pensé, si on cultive ce genre d’idées, si on se laisse gagner, au niveau de la société, par la peur et la fatalité, et bien, par effet boule de neige, on ne va faire qu’accroître la catastrophe.
Je n’ai pas la réponse sur ce qu’il faudrait faire, je n’ai pas de formule magique à suggérer, je suis comme beaucoup, je me pose des questions, et je tâtonne en quête de réponse.
MAIS, je sais que véhiculer ces phrases sur les dangers qui nous cernent et jouer avec le découragement dans nos échanges quotidiens, c’est absurde, malsain, nuisible. Je sais aussi, et cela, c’est en mon pouvoir, que je peux véhiculer autre chose dans mes propos. L’espoir, c’est aussi contagieux.
Alors aujourd’hui, j’ai décidé qu’à chaque fois que je discuterai de l’état de notre époque (parce que je vais continuer à le faire, tout comme je vais continuer à m’informer et à réfléchir), dans la foulée, j’évoquerai toujours une news qui réchauffe et qui élargit les perspectives.
Je commence tout de suite !
Ce week-end, j’ai revu mon amie Myriam, qui habite Saint-Etienne et qui me racontait que sa ville est en train de changer. Des écoles et des entreprises, toutes branchées design et nouvelles technologies, s’implantent. Désormais, dans cette cité, Il y a de l’innovation, il y a de la compétence de pointe, il y a de la créativité. Tant mieux !
Ensuite, une juriste m’expliquait dernièrement que les lois sur la déchéance de la nationalité et sur le travail étaient en train de se faire sévèrement retoquées par les parlementaires. Des lois qui se retrouvent en partie vidées de leur substance nauséabonde… En voilà une occasion de se réjouir !
Enfin, à titre personnel, j’ai traversé récemment plusieurs conflits. Il a fallu exprimer mon désaccord, argumenter, tenir bon. Ce n’était absolument pas confortable, j’ai eu terriblement envie de hurler, m’énerver, et de tout envoyer balader… Je me suis retenue, j’ai expliqué encore, avec d’autres mots, avec d’autres manières de présenter les faits. Total, je suis en train d’obtenir gain de cause. Au-delà de l’anecdote, je veux témoigner de l’importance que cela a de demander et de persévérer.
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Et vous, quelles initiatives et quelles bonnes nouvelles avez-vous à cœur de relayer ?
PS : j’illustre ce billet avec une photo que j’ai prise moi-même, il y a des années, à Bamako. J’aime le regard de ces bambins, j’aime le rire de la petite, au premier rang. Ce matin, je pense à eux et à tous les enfants de la planète qui ont le droit de grandir en se disant qu’ils ont un futur. Se faire l’écho de l’espoir, au final, c’est faire mon boulot d’adulte, leur permettre d’accorder un minimum de confiance en la vie pour qu’ils aient le désir de trouver une place et de contribuer au plus vaste.